Dix fois elle a essayé, vingt fois, cinquante fois, cent même… Cela ne passe pas. Laëticia souffre de vaginisme : une contraction involontaire du vagin l’empêche d’avoir le moindre rapport. Elle est une vierge forcée. Elle s’étonne : « Vous trouvez ça si incroyable que mon copain reste malgré ce problème ? »
C’est en intégrant la communauté française des vaginiques que Laëticia a découvert les raisons de son trouble. Une communauté rassemblée par l’association Les clés de Vénus qui propose forum, conseils, aide aux démarches et qui offre aux femmes concernées un appui précieux. « On parle tout le temps des éjaculateurs précoces, des impuissants, mais nous, nous n’existons pas », regrette-t-elle.
Pour essayer de comprendre l’origine du vaginisme, l’entourage imagine souvent un traumatisme, un événement déclencheur qui dégoûterait de la sexualité. « Mais je n’ai pas été violée, je n’ai subi aucun traumatisme, s’insurge Angélique*, vingt-cinq ans, qui a été vaginique pendant trois ans. Le seul traumatisme que j’ai eu à subir est de m’être faite larguer parce que je ne pouvais pas coucher. »
Depuis deux ans, elle est guérie. Son remède ? Avoir accepté le problème et l’avoir pris à bras-le-corps. « Je suis allée voir une kinésithérapeute spécialisée qui m’a appris à me détendre et à maîtriser mon vagin », raconte-t-elle.
Parallèlement, il fallait qu’elle s’exerce. « Un de mes amis qui me plaisait est devenu mon partenaire sexuel : comme il n’y avait aucun sentiment, je ne mettais pas de pression et je pouvais essayer, réessayer, sans conséquence. » Au bout d’un an et demi, ça paye. « Je ne saurais pas expliquer pourquoi cette fois-là ça a marché… Je pense que j’étais prête, point barre. »
« Ce trouble apparaît dans une société où des tabous existent », affirme Marjorie Cambier, sexo-thérapeute à Paris et spécialiste des troubles sexuels. Le corps médical s’avère souvent impuissant vis-à-vis du vaginisme. Une incompréhension face à ces douleurs intenses, brûlures destructrices ressenties par les femmes au moment du coït. « Ce qui manque à ces jeunes femmes, c’est la transmission de la sexualité. C’est normalement aux parents de démystifier l’acte, détaille la thérapeute. Être bien informées permet d’éviter le stress quand elles sont confrontées au sexe masculin. »
Il reste évidemment une pression sociale, sorte de compétition pour qui fait le plus et qui fait le mieux. L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) a établi, en 2010, que l’âge moyen du premier rapport sexuel, en France, est de 17 ans et demi en moyenne, dans la moyenne des pays européens. « Je n’en pouvais plus d’entendre mes copines me parler de leurs exploits sexuels, moi j’étais toujours la petite fille qui n’avait rien fait », confie Angélique. Il y a deux ans, elle pensait mettre fin à ses jours. Trop de tension. Trop d’humiliation.
Finalement, elle décide de se reprendre en main, fait tout pour rebondir et se libérer de l’étau qu’était devenu son entrejambe. Pour autant, elle gardera toujours en tête cette phrase prononcée à l’époque par une de ses amies : « Reprends-toi ! Si tu couches pas, tu finiras ta vie toute seule ! »
« Si c’est juste pour faire comme tout le monde, ça n’a pas d’intérêt », se rassure Laëticia. Dans sa sexualité qui n’a rien de classique, elle s’épanouit. « On trouve d’autres solutions », résume-t-elle. Elle commence tout juste à accepter sa situation. S’y ajoutent de petites victoires : parvenir à en parler ou passer un nouveau cran sur son dilatateur, un outil qui permet de détendre le vagin en douceur. Laëticia veut croire en sa rémission, même si pour le moment, la crise de larmes guette à chaque fois qu’elle se confie sur son blocage.
Très souvent, la solitude et la comparaison aux autres sont autant de freins à la guérison. Elle s’inquiète : « Si un jour je veux être maman, il va bien falloir que je guérisse. » Se sortir de cette véritable maladie d’amour est la prochaine étape de la jeune danseuse. Pour qu’enfin le pas de deux ne fasse plus qu’un.
* Les prénoms ont été modifiés.